Cela va faire plus de trois semaines que nous sommes confinés chez nous. Nous avons le droit de sortir pour des besoins urgents et vitaux mais la seule ouverture sur le monde reste numérique. Comment les réseaux sociaux se sont-ils appropriés un statut tantôt d’informateur, tantôt de moralisateur concernant les conditions obligatoires du confinement ?
Avec les médias traditionnels, les réseaux sociaux sont
le moyen de continuer à garder un contact avec l’extérieur pendant cette
période de confinement. Avec l’information vitale qu’ils délivrent, les médias
sont une source de stress inévitable. Toutes les chaînes diffusent sensiblement
le même message et apparaissent comme une seule fenêtre vers la situation
actuelle. De plus, la continuité d’une activité professionnelle ou scolaire
doit se conduire uniquement par le biais numérique. Nous sommes donc cernés de
toutes parts par les liens digitaux qui nous relient à nos proches, à notre
métier, aux conditions sanitaires qu’il faut respecter.
Dans ce contexte, il est bon de s’octroyer une pause
vis-à-vis de son téléphone. Les acteurs des réseaux sociaux, en s’emparant du
sujet du coronavirus, se posent en tant guides et détenteurs de la bonne
parole. On ne compte plus les stories donnant des conseils, qui pour
rester en forme, qui pour cuisiner mieux, mais les plus dangereuses sont celles
qui rediffusent une information parfois déformée, tronquée ou même fausse.
L’abondance d’informations passant sous nos yeux peut parfois donner le tournis
et au milieu de ce flot il est difficile de démêler le vrai du faux.
Prenons le temps de la déconnexion. Le confinement est
déjà assez éprouvant pour que nous rajoutions en plus une bulle informative aux
bulles informatives initiales qui nous entourent. Le comportement de certains
influenceurs à cet égard me paraît dérangeant : chacun donne son avis,
pertinent ou non, chacun réagit à chaud à propos de l’actualité, et l’angoisse
se fait omniprésente, dans l’incompréhension de ce qu’il se passe réellement.
Les réseaux sociaux forment un écosystème où la dimension
de proximité est très prégnante. Un climat anxiogène peut vite se créer et s’amplifier
via le partage d’avis et de conseils prodigués en mode réflexe. La bulle dans
laquelle nous nous trouvons par la force des choses va éclater à la fin du
confinement. En définitive, ceux qui auront pris suffisamment de recul par
rapport à l’infobésité sortiront gagnants psychologiquement de cette période
particulière pour tous.