Le Big Data nous entoure : composé de données collectées par tous les objets disposant d’une connexion internet, il renferme une quantité astronomique d’informations. Brutes, ces informations sont des suites de chiffres, de mots, de résultats de recherches. C’est sur cette base que travaillent les « Data Artists » qui façonnent les données pour qu’elles s’expriment artistiquement.
Aujourd’hui, il est impossible d’ignorer toutes les informations contenues dans le Big Data : il suffit de chercher dans les Open Data, ces données accessibles à tous, pour n’avoir qu’un mince aperçu de l’ensemble. Les « Data Artists » ont décidé d’agir, à leur manière, afin de restituer ces informations au plus grand nombre, par le biais de leurs œuvres. L’objectif de cette nouvelle forme d’art n’est donc pas d’alerter la population sur la quantité des données qui composent le Big Data, mais, puisque ces données sont présentes, existent, de les mettre au service de la création artistique. Une sorte de courant réaliste 2.0 en somme, qui décrit la société grâce aux informations qu’elle dissémine sur les réseaux internet. Ainsi, à travers des images fixes ou mouvantes, des sons ou bien encore des objets, ceux qui aiment manier les données leur font prendre la forme qu’ils désirent afin qu’elles puissent renvoyer un message compréhensible qui pousse à la réflexion.
Avec ces œuvres, le Big Data n’est plus vraiment un ensemble vague de données, mais il prend forme et devient par là même moins effrayant, moins abstrait : Laurie Frick, par exemple, a représenté dans son œuvre Floating Data les données de géolocalisation contenues dans son smartphone, permettant à tous de voir, concrètement, ses déplacements. Ainsi, si tout le monde est conscient que nos téléphones sont des capteurs qui relèvent d’importantes quantités d’informations sur nous-mêmes, nos habitudes et notre mode de vie, l’artiste illustre ici le fait que nous pouvons nous réapproprier ces informations, qu’elles peuvent ne pas se noyer dans la quantité.

Le « Data Artist » Refik Anadol, quant-à-lui, adapte ses créations en fonction de l’architecture de la pièce dans laquelle celles-ci sont présentées. Il s’agit dans son cas de projeter des formes mouvantes sur les murs afin d’inclure le visiteur dans l’œuvre, autant visuellement qu’à travers les musiques diffusées. S’il fait bouger les données avec lesquelles il crée, c’est aussi pour nous montrer la vitesse à laquelle le Big Data est enrichi à chaque heure, chaque minute, chaque seconde. Ainsi, Refik Anadol nous fait réfléchir sur les données avec lesquelles il a voulu travailler, tout en nous proposant de nous interroger sur nous-mêmes et notre utilisation d’internet et des objets connectés.
Pour le moment, le Data Art en est encore à ses débuts et toutes ses potentialités n’ont pas encore été explorées. Cependant, les données et les possibilités de les interpréter sont tellement nombreuses qu’il ne fait pas de doute qu’il a de beaux jours devant lui.
Sources :
https://www.ladn.eu/mondes-creatifs/datartivisme-activistes-art-data/
https://www.arte.tv/fr/articles/data-art
https://www.wired.com/story/artist-refik-anadol-turns-data-art-help-ai/
https://usbeketrica.com/article/data-art-la-donnee-comme-materiau-d-origine
https://fondation.edf.com/evenements/123-data/
https://www.lauriefrick.com/floating-data