Remplacer la principale technologie permettant de réaliser des effets spéciaux au cinéma et à la télévision ? Permettre aux spectateurs de vivre une séquence de film en temps réel grâce à leur smartphone ? Des promesses un peu folles et pourtant bientôt concrètes grâce à diverses innovations liées à la réalité augmentée, prête à s’insérer dans un énième secteur.

Nous en avions déjà parlé dans de nombreux articles sur ce blog, comme notamment dans celui de Jessica Alves : « Quand la réalité augmentée sur mobile s’invite au musée » où elle nous détaillait l’implémentation de cette technologie dans un cadre culturel, historique et touristique. Aujourd’hui, je vais me pencher sur son utilisation dans le milieu de l’audiovisuel, les innovations qu’elle apporte et ses dérivés.
Vers un remplacement du fond vert
Utilisé extrêmement fréquemment au cinéma, dans des séries télés, et tout autre support de tournage nécessitant d’importants effets spéciaux, le fond vert (ou bleu selon les cas) fût son apparition dans les années 1940. Cette technologie désormais vieille de 80 ans, est encore très répandue et gardera son statut dominant pendant encore un bon moment. Cependant, sa fonction d’incrustation d’éléments modélisés numériquement et rajoutés en post-production (à la suite du tournage) vient à se faire concurrencer par une toute nouvelle technologie : le Stagecraft.

Tandis que la réalité augmentée « classique » a pour principe d’incruster un élément virtuel à travers un périphérique, la technologie Stagecraft elle, étend les possibilités de la RA en plaçant des éléments réels dans un environnement virtuel. En d’autres termes, elle place directement les acteurs au sein de la scène dans laquelle ils jouent, en recréant des décors affichés sur des écrans autour d’eux. Puis, les écrans sont calibrés sur le point de vue et le champ de vision de la caméra, afin que les images affichées se calquent et se déplacent de manière synchronisée. Le tout en direct, transformant ainsi l’intégralité du processus post-production en préproduction.
En effet, là ou auparavant les monteurs et sociétés d’effets spéciaux incorporaient les décors et incrustations sur fond vert après le tournage, ils doivent désormais modéliser et créer tous les éléments avant le tournage, afin de pouvoir directement tourner la scène dans les bonnes conditions. Le processus étant plus parlant visuellement, une explication par vidéo est essentielle :
Mise au point en collaboration par les sociétés ILM et Epic, le Stagecraft associe les techniques de caméra de la firme créée par George Lucas, réalisateur de Star Wars, et le moteur graphique Unreal Engine, souvent utilisé dans le monde vidéo-ludique afin de créer un univers trois dimensions de toutes pièces, par divers graphistes et modélisateurs. Cette technologie a été utilisé pour la première fois dans un grand projet pour le tournage de la série The Mandalorian, produit phare de la nouvelle plateforme de streaming Disney+. La série suivant un chasseur de prime dans l’espace, il était naturel pour le studio américain de plébisciter cette nouvelle approche, permettant aux réalisateurs et acteurs de se plonger dans le décor, et de pouvoir ainsi modifier l’environnement comme bon leur semble en temps réel.
Au-delà de l’avantage artistique, évidemment indéniable lorsque l’on voit la vidéo avec une immersion sans égal, la technologie a également une énorme plus-value financière. L’investissement initial est plus conséquent qu’un simple fond vert, cependant, comme le précise la productrice exécutive de la saga Star Wars, Kathleen Kennedy, l’apport logistique et économique est notable, puisque nul besoin de déplacer une équipe complète d’une location à une autre, car simple équipe scout peut faire les réparage et les quelques plans de coupes, avant de les assimiler avec la modélisation afin d’avoir le même rendu directement dans le Stagecraft. Des économies en terme de main d’œuvre, de frais de location et de production peuvent être ainsi effectuées.
Cette technologie marque ainsi un nouveau tournant dans l’histoire du cinéma, plus dans le côté production que dans le côté résultat (le produit final étant quasiment identique pour le spectateur), en exploitant au maximum les innovations de demain. De son côté, James Cameron, réalisateur de Avatar (film champion du box-office de 2009 à 2019), est en train de plancher sur une technologie permettant de projeter ses films en 3D sans que le spectateur aie besoin de porter des lunettes adaptées, faisant encore une fois avancer le monde de l’audiovisuel.
Le spectateur au centre du film
Plus basique dans son approche de la réalité augmentée mais tout aussi originale, l’application – sobrement intitulée – « Augmented Reality Cinema », encore au stade de concept, permet de se rendre à l’endroit où se déroule un film ou une scène connue, et de positionner la caméra de son smartphone afin de pouvoir la visionner, exactement à l’endroit ou elle a été tournée.
Cette application permettrai ainsi, que ce soit à un résident de la ville ou à un touriste, de découvrir via un circuit audiovisuel, des endroits cultes gravés par le septième art, et avec son utilisation très simple, de connaître un parfait éveil à la réalité augmentée, avec un simple périphérique comme un smartphone.
Ce genre de projets et concepts se multiplient au fil du temps, et deviendront ainsi concrets dans les années à venir, inscrivant encore plus la réalité augmentée comme une véritable technologie que nous utiliserons au quotidien.
Toujours dans la série consacrée à la réalité augmentée, nous verrons dans notre prochain article dédié à cette technologie, son expérimentation et implémentation dans notre façon de consommer → « Quand la réalité augmentée devient une nouvelle interface de consommation »
Sources :
• https://www.slashfilm.com/stagecraft-technology/
• https://www.ilm.com/hatsrabbits/ilm-stagecraft/
• https://www.ladn.eu/mondes-creatifs/oubliez-le-fond-vert-la-realite-mixte-arrive-au-cinema/
• https://www.trendhunter.com/trends/augmented-reality-cinema